Communiqué de presse
Inauguration «Les anges de Klee

Les anges de Klee sont de retour! Sur la centaine de représentations séraphiques réalisées par l’artiste au cours de sa vie, 85 sont pour la première fois réunies dans une exposition présentée au Zentrum Paul Klee. Même le célèbre Angelus Novus ayant autrefois appartenu à Walter Benjamin y est abrité pendant 40 jours. Les anges de Klee comptent aujourd’hui parmi les œuvres les plus appréciées de l’artiste. Ils séduisent non seulement les amateurs d’art mais ont aussi gagné considérablement en popularité en tant que compagnons de route poétiques.

L’exposition «Les anges de Klee» complète la concentration unique de représentations d’anges de Paul Klee par quelques figures diaboliques issues de son œuvre. Parmi les œuvres exposées, 60 proviennent du Zentrum Paul Klee – ce dont nous sommes particulièrement fiers. La plupart de ces représentations ont été exécutées au cours des dernières années de la vie de l’artiste (1938–1940). À ce fonds central s’ajoutent quelques exemples de travaux antérieurs, comme le dessin d’enfance «Christkind» (Enfant Jésus) aux ailes jaunes de 1885 ou encore le célèbre Angelus Novus de 1920 de la collection du Israel Museum, sans doute le tableau le plus légendaire de Paul Klee et en même temps l’une des œuvres phares de l’art du XXe siècle.

En tant qu’hybrides ailés, mi-hommes mi-messagers du ciel, les anges représentent une forme transitoire entre existence terrestre et existence surnaturelle de l’au-delà qui convient aussi bien au scepticisme moderne qu’à notre besoin de spiritualité. Loin d’être simplement des créatures célestes parfaites, les anges ont leurs petits défauts, ils sont oublieux ou laids, inquiets ou enjoués. Il n’est pas rare de les voir se rapprocher de figures démoniaques qui ont pour nom Lucifer, Méphisto ou «Chindlifrässer» (ogre) et sont issues de l’imaginaire chrétien, de la mythologie, de la littérature ou encore du théâtre populaire. L’exposition principale des anges de Klee au Zentrum Paul Klee est complétée par une seconde partie présentée dans des cabinets adjacents et consacrée au motif de l’ange dans la photographie, le cinéma, la vidéo et l’installation. Les douze espaces, presque tous monographiques, couvrent la période allant des années 1910 à l’époque contemporaine, soit de l’apparition des premiers anges de Klee jusqu’à aujourd’hui. L’exposition regroupe quelques œuvres clés de l’histoire de ces supports artistiques: les films The Kid (1921) de Charles Chaplin, Faust (1926) de Friedrich Wilhelm Murnau et Der Himmel über Berlin (Les Ailes du désir, 1987) de Wim Wenders, des œuvres de vidéastes contemporains, comme Mark Wallinger et Eija-Liisa Ahtila, ainsi que des photographies de Francesca Woodman, Duane Michals ou encore Pierre et Gilles.

La restriction volontaire de cette «exposition satellite» aux domaines de la photographie, du cinéma et de la vidéo est due d’une part au désir de clairement les dissocier du travail de dessinateur et de peintre de Paul Klee. D’autre part, ces supports artistiques supposés restituer la réalité sont les plus aptes à naviguer, à travers l’image, dans ce monde frontalier entre être et paraître.

Une exposition sur une idée de Christine Hopfengart. Commissaires: Eva Wiederkehr Sladeczek (œuvres de Klee) et Peter Fischer (photographie, film et vidéo). L’exposition (sans la partie consacrée au cinéma, à la photographie et à la vidéo) sera par la suite présentée au Museum Folkwang à Essen (01.02.–14.04.2013) et à la Hamburger Kunsthalle (26.04.–07.07.2013).

L’exposition sera inaugurée le vendredi 26 octobre 2012 à 18 heures au Zentrum Paul Klee.

Renseignements supplémentaires:
Maria-Teresa Cano, directrice de la communication et de la médiation d’art, , Tél. +41 (0)31 359 01 01

Advent Advent …

SO | 25. November 2012 | 11:00
Emil Steinberger
«Drei Engel!»
Emil mit seinem aktuellen Bühnenprogramm

SO | 2. Dezember 2012 | 11:00
Nils Althaus
«APFÄNT, APFÄNT!»
Mundartchansons, Lesung und Kabarett

SO | 9. Dezember 2012 | 11:00
«Engel und himmlische Geschichten»
Heidi Maria Glössner und Uwe Schönbeck entführen Sie in die Welt der Engel und der himmlischen Sphären

SO | 16. Dezember 2012 | 14:00–16:00
«Engel in Bern»
Ausstellungsbesuch und Stadtrundgang durch Bern auf den Spuren von Engeln mit Hans Ulrich Schäfer und Dominik Imhof

SA | 29. Dezember 2012 | 10:30–11:30
SO | 30. Dezember 2012 | 10:30–11:30
«Engel im Werden»
offenes Atelier für die ganze Familie  

Weitere Veranstaltungen

MI | 31. Oktober 2012 | 16:00–17:00
Einführung für Lehrpersonen mit Tipps für den Besuch mit der Schulklasse

Klee ohne Barrieren
Im Rahmen des «Internationalen Tages der behinderten Menschen»:
SA | 1. Dezember 2012 | 12:30–13:30
Führung für Gehörlose und Hörbehinderte
SO | 2. Dezember 2012 | 15:00–16:00
Führung für Blinde und Sehbehinderte

SO | 20. Januar 2013 | 10:30–12:00
Kindermuseum Creaviva
Familienmorgen «Engel vom Stern»
ein gemeinsamer Ausstellungsbesuch mit kreativem Arbeiten für die Kleinen und Führung für die Grossen

Katalog zur Ausstellung
Paul Klee. Die Engel

Paul Klee (1879–1940) hat eine einzigartige, äusserst beliebte Werkgruppe geschaffen: Höhere Wesen stehen darin nicht nur für Spiritualität, sondern auch für Skepsis und Zweifel gegenüber Religion und Glaubens fragen. Klees Engel sind dem menschlichen Dasein verhaftet, mit Schwächen und Schönheitsfehlern, vergesslich und hässlich, sorgenvoll oder verspielt – bisweilen teuflisch. Für den Künstler schliessen Gut und Böse einander nicht aus, sondern ergänzen sich schöpferisch.

Das Buch enthält Essays von Christine Hopfengart, Michael Baumgartner, Gregor Wedekind, Reto Sorg und Konrad Tobler sowie einen poetischen Dialog zwischen Jürg Halter und Shuntaro Tanikawa.  

Paul Klee. Die Engel

Hrsg. Zentrum Paul Klee, Bern, erscheint im Hatje Cantz Verlag, deutsch, ca. 152 S., ca. 120 farbige Abb., 22,50 x 26,50 cm, gebunden mit Schutzumschlag Preis: 36.00 CHF/29.80 €

Les premiers anges
De l’enfance de Paul Klee, quatre représentations de l’enfant Jésus dessinées à l’âge d’à peu près cinq ans ont été conservées. Bien des années après, elles lui serviront de modèle pour les images d’anges de sa dernière période de création. Les premières représentations d’anges dans l’œuvre de maturité de Klee sont des parodies de l’iconographie chrétienne. Elles reprennent avec ironie la typologie de l’ange de l’Annonciation et la symbolique classique de l’ange comme messager céleste.

Anges ivres et anges gardiens
Pendant ses années passées au Bauhaus à Weimar et à Dessau, Paul Klee n’a peint aucun ange. Ce n’est qu’à la fin de sa longue période d’enseignement que le motif réapparaîtra. D’abord en Ange buvant (1930, 239) dont le mystère n’est percé que progressivement et par détours: à première vue, la tête semble être celle d’un homme barbu plutôt étrange. Mais lorsqu’on met la feuille tête en bas, la supposée barbe s’avère être une splendide coiffure bouclée. Ce n’est qu’à cet instant que nous découvrons ce qui est arrivé à l’ange: il ne vole plus, mais a chu, ivre d’amour – comme en témoigne le cœur rouge.

Ange en devenir
Les images d’anges de Paul Klee sont caractérisées par leur processus créatif. Ce qui est particulièrement visible dans la seule composition d’ange abstraite, la peinture à l’huile Ange en devenir (1934, 204): une croix rouge sur fond gris-bleu dans la partie supérieure droite marque le lieu de naissance de l’ange dont la figure apparaît entre le cercle et les délimitations formelles linéaires qui s’élancent vers le haut. L’œuvre abstraite anticipe ainsi de façon édifiante sur le principe créatif des représentations d’anges que Klee commencera quatre ans plus tard, comme dans le dessin Ange inachevé (1939, 841) où la figure de l’ange ne s’est pas encore épanouie.

Anges humains – trop humains
Dans les deux dernières années de production artistique de Paul Klee, les anges apparaissent comme appartenant à un monde intermédiaire auquel l’artiste, marqué par la maladie et un affaiblissement physique progressif, se sentait attaché. Il les désigne malicieusement comme des êtres Dans l'antichambre de la corporation des anges (1939, 845) qui exécutent le Dernier pas sur terre (1939, 893)  et sont Sur le point de prendre sa volée (1939, 965). Avec leurs petites faiblesses et imperfections, ils ont l’air moins métaphysique qu’humains, parfois même trop humains. Ils sont «encore laids» ou «blanc-bec», se montrent «oublieux» ou «en plein doute». D’autres fois, ils apparaissent sous les traits de bouffons ou fréquentent encore «le jardin d’enfants», et de temps à autre, ils traversent «une crise». Comme le note Klee au passage dans son catalogue raisonné manuscrit: «Là [dans leur royaume], tout est comme chez nous, mais en plus angélique».

Entre le bien et le mal
En 1933, après la prise du pouvoir en Allemagne par les nazis, les anges de Klee révèlent pour la première fois leur face plus obscure. Dans le dessin au pinceau Chute (1933, 46), une créature ailée mutée en figure grotesque semble se précipiter sur le spectateur. La représentation rappelle l’iconographie chrétienne de la chute de Lucifer, créature céleste poussée par Dieu dans le précipice parce qu’elle avait tenté de se hisser au niveau de Dieu. C’est à cette ambiguïté de l’ange déchu que Klee s’intéressera également les années suivantes. Ce va-et-vient entre le bien et le mal trouve chez Klee son expression picturale dans la transformation permanente de lignes et de formes.

D’où? où? vers où?
Au cours de la dernière année de création de Paul Klee, les représentations d’anges s’enrichissent d’un sens beaucoup plus dense et deviennent des témoignages saisissants sur ses questionnements existentiels. Elles traitent de l’espoir et du doute, de la caducité et de la mort, de la fatalité et de la transcendance. Le très enjoué Ange plein d'espoir (1939, 892) est suivi par un Ange, au comble de sa plénitude (1939, 896) – baignant dans une lumière de couleur chaude – qui est plongé dans ses pensées et incline la tête sur le côté. Son pendant, le ravissant Ange de l'étoile (1939, 1050), tourne quant à lui la tête vers une étoile.   

Et des anges de Karl Valentin, Charlie Chaplin, Friedrich Wilhelm Murnau, Ralph Eugene Meatyard, Duane Michals, Francesca Woodman, Joseph Beuys, Wim Wenders, Mariko Mori, Mark Wallinger, Pierre et Gilles, Jakob Gautel & Jason Karaïndros, Rosemary Laing, Bill Plympton, Sun Yuan & Peng Yu, Eija-Liisa Ahtila

Les œuvres de Klee sont complétées par des images d’anges qui apparaissent dans des films, vidéos et photographies de différents artistes des années 1910 à l’époque contemporaine, époque qui couvre l’apparition des premiers anges de Klee jusqu’à aujourd’hui. Dans l’art photographique et la vidéo, un net regain d’intérêt peut être constaté depuis les années 1960 pour les thèmes spirituels, les événements irrationnels, les miracles et les phénomènes surnaturels. Comme chez Klee, l’ange apparaît ici comme un frontalier navigant entre deux mondes, entre la réalité et l’imagination métaphysique, et en tant que tel, il ne perd à aucun moment de son actualité. Affranchi des contraintes représentatives de l’art sacré et de l’iconographie classique, le rétablissement de ce motif ancré dans l’histoire de l’art a généré de nouvelles apparences formelles des anges. Et surtout, un abolissement des frontières supposément nettes s’est opéré entre les êtres célestes et diaboliques, humains et surnaturels, bons et maléfiques. L’ange devient une métaphore de l’ambiguïté – voire de la contradiction – de tout ce qui est humain.