Paul Klee. Tapis du souvenir
La troisième exposition Paul Klee. Tapis du souvenir clôture le «Grand tour oriental» initié par le Zentrum Paul Klee à travers le temps et l'espace.
Ici, il s'agit d'approfondir les aspects liés au fond et à la forme du thème de l’Orient dans l’œuvre de Paul Klee en mettant l’accent sur l’architecture, la calligraphie, l’ornement, mais aussi sur l’ornementation textile, la question de la couleur et la technique de l’aquarelle chez Klee. L’exposition examine certains aspects spécifiques de l’approche de la culture arabe et musulmane dans l’œuvre de Paul Klee au travers des voyages qu'il a effectués en 1928 en Tunisie et en Egypte.
Impressionné par l'architecture maure, Paul Klee développa ce qu'il appela sa propre «architecture picturale». Il était d'une part fasciné par les aspects pittoresques de cette architecture, les ruelles étroites ou encore les lignes poétiques, mais aussi et surtout par la structure géométrique cubique des villes et édifices maures. Dans de nombreuses aquarelles, parfois complètement abstraites, on peut observer un parallèle intéressant entre l'architecture de la ville et la structure du dessin. Les constructions se mélangent souvent aux espaces pittoresques dans l'œuvre de Klee, en intégrant par exemple la représentation d'un paysage dans une systématique principale d'architecture picturale.
La calligraphie arabe, l'écriture cunéiforme sumérienne ainsi que le langage des hiéroglyphes de l'Egypte Ancienne ont inspiré à Klee son propre alphabet pictural. Nombre de ses œuvres peuvent être lues comme une composition typographique dont le contenu exact et la signification échappent toutefois à toute interprétation ferme: Le «texte pictural» s'ouvre à son lecteur en quelque sorte par «lecture» associative. Paul Klee était fasciné par la sémiotique multiple des signes graphiques orientaux et par leur oscillation entre rôle symbolique abstrait et caractère imagé. Dans l'ornement enfin, Klee voyait un potentiel inépuisable de possibilités de créations géométriques. Dans cet esprit, la richesse décorative de l'art oriental avait pour lui un caractère révolutionnaire. Klee ajouta le sous-titre «décoratif» ou «ornemental» à bon nombre de ses œuvres, une pratique qui allait à l'encontre des dogmes avant-gardistes de l'art abstrait.