Paul Klee au jardin des merveilles
Dans le cadre de A l’est d’Eden. Le jardin s'expose. Des expositions, des installations et des manifestations transforment l’ensemble du complexe, alentours compris, en un parc à thème dynamique qui tisse des liens aussi fascinants que variés entre les espaces intérieurs et extérieurs.
La représentation des jardins et des parcs, le thème de la croissance et de la morphologie des plantes occupent une place importante dans l’œuvre de Paul Klee. L‘étude de la nature – le «dialogue avec la nature», pour reprendre ses propres mots – était un principe pour Klee; selon lui, l’artiste en tant qu’«être humain est lui-même nature et morceau de nature dans l’espace de la nature». L‘exposition Paul Klee au jardin des merveilles fait découvrir les mille et une facettes de la recherche artistique de Klee dans l’univers des plantes et des jardins et ses diverses approches tantôt objectives sur le plan analytique, tantôt subjectives par leur radicalisme. On y voit clairement l’importance de la proximité immédiate de la nature: les environs de Berne, que le jeune artiste découvrit comme espace de retraite et de découverte hallucinatoire de la nature; les jardins et les parcs proches de ses divers ateliers: le Jardin Anglais à Munich, le Parc sur l’Ilm à Weimar, le parc de Wörlitz près de Dessau; les jardins de St. Germain et Hammamet, qu’il découvrit en 1914 lors de son voyage en Tunisie avec Macke et Moilliet.
L‘exposition thématise la recherche de Klee en matière de structure et de morphologie des plantes, des processus de croissance et de transformation dans la nature. Au cours de ses voyages, Klee cueillait des plantes qu’il conservait soigneusement dans des cadres et écrins spécialement conçus à cet effet ou qu’il regroupait dans un herbier. La confrontation analytique avec la nature se retrouve dans les dessins que le jeune Klee réalisait déjà dans ses cahiers de botanique, dans les feuilles d’automne et autres trouvailles recueillies dans la nature, dans ses notes et croquis des cours du Bauhaus – mais aussi dans de nombreuses œuvres artistiques.Dans la pensée et l’œuvre artistique de Klee, une importance particulière est attribuée à l’arbre qui figure le type idéal de la croissance dans l’univers botanique et est la métaphore de la genèse de l’œuvre d’art. Par des exemples choisis, l‘exposition montre de manière concrète la diversité, tant du contenu que de la représentation, de ce thème dans l’œuvre de Klee.
Le «dialogue» avec la nature était pour Klee la condition sine qua non à la création d’une flore imaginaire, existant en quelque sorte en parallèle avec la nature. Ses jardins sont le produit de l’imagination artistique, féeriques et baignés de rêve, insolites par leur exotisme, voire menaçants parfois. Ils dépassent de loin la simple imagination d‘une idylle florale contemplative. L’immense diversité de ses inventions sur toile et des titres donnés à ses tableaux donne naissance à une collection de curiosités botaniques. Il n’est pas rare que les plantes arborent des traits anthropomorphes, véritables êtres vivants dotés de physionomies et de sentiments. Les jardins de Klee deviennent alors des scènes et décors pour les acteurs d’un «théâtre botanique». La richesse de ce monde de plantes imaginaires devient accessible dans l’exposition où les œuvres sont montrées par groupes avec des jardins qui marient le minéral, les fruits et les fleurs, des jardins orientaux, tropicaux ou mythologiques, ou encore des jardins d’agrément et de merveilles.